Bonjours à tous !
Sous ce soleil cette pluie estivale, rien de tel que
de lire sous l’ombre d’un parasol avec du thé et une petite pâtisserie à porter
de main.
Pour ce qui est du thé et du gâteau, un petit article arriva
bientôt (un jour [avant l’automne, promis]), mais pour la lecture, je vais vous
donner quelques idées !
C’est parti pour la sélection de BD de l’été 2015 avec
pour invités : monstres gargantuesques, divinités animales et … un diable (oui c'est Halloween avant l'heure).
En provenance du Brésil, MONSTRES ! de Gustavo Duarte (édition parquet) nous raconte,
avec une bonne dose d’action et d’humour, l’invasion d’une grande ville côtière
par trois créatures gigantesques. Pour les arrêter, Pinô, un héros auquel
personne ne s’attend, va devoir quitter sa petite vie tranquille pour occuper
personnellement de la menace.
Derrière cette BD de 78 pages, se cache un petit
bijou, jouant avec les codes du film catastrophe et l’invasion de MONSTRES à la Godzilla et du
héros sorti de nulle part.
Des codes, par ailleurs, il y en a plein dans cette œuvre.
Tout d’abord, j’avoue avoir été séduite, par le dessin à la
ligne très pure ainsi que par l’absence, très curieuse, de bulle de dialogue.
En effet, n’utilisant que trois couleurs, l’auteur (et
dessinateur) créait un rythme de lecture très bien construite et contrasté. Ainsi,
les courbes et les formes arrondis seront dédiées à la mer et aux êtres vivants
alors que le reste du décor sera géométrique et tandis que les lignes noirs
structure l’image, le bleu donne du dynamise à la scène.
Il y a également une
dualité entre le héros et le rythme lent des vignettes étant centré sur lui et le
chaos de l’environnement qui l’autour. Cela donne une lecture proche d’un visionnage
de film d’action et directe, sans tomber dans quelque chose de trop sérieux,
grâce notamment au caractère de Pinô.
Étant muette de tout texte, tous les échanges et interactions,
de cette BD, passent par les expressions des personnages et leurs faits et gestes.
L’auteur, venant du monde de la caricature et de la presse, instaure une grande
variété de visage et de morphologie donnant une lisibilité des émotions des
personnages qui suffisent à la narration.
Riche en détails, j’ai beaucoup apprécié ce petit volume, plein de poésie et peu commun.
Dans la même ligné que Morwenna de Jo Walton, voici mon
deuxième coup de cœur de l’été : Mille Tempêtes, écrit et dessiné par Tony
Sandoval, également aux éditions paquet, collection Calamar.
Lisa, une adolescente étrange qui collectionne les ossements
et les pierres étranges, voit sa vie basculé, lorsqu’elle arrachera, par avarice,
les dents d’un mystérieux crane. Alors que son dangereux propriétaire (celui du
crane) part à sa recherche, Lisa va découvrir les peines de l’adolescence entre
le regard des autres, les premières peines de cœur et ses rêveries d’enfant.
À la fois, merveilleux et cruel, Mille tempêtes ressemble beaucoup
à « ses romans pour ado » que j’ai lu dans ma tendre jeunesse et qui nous transporte dans un univers replis de magie et d'aventures. Mais ici, l’héroïne et le
démon font match nul, il n’y a pas de grande victoire ou l’amour serait le
maître de tout.
Lisa est belle et terrible en même temps, et entre le trait
tremblant et les couleurs flous de l’aquarelle du dessin, l’auteur joue
clairement à brouiller les lignes entre l’imaginaire et le réel, entre ce que
ressent l’héroïne et les actions se déroulant autour d’elle.
Le style de Sandoval ne plaira peut être pas à tout le
monde. Ses visages sont énormes et très expressives, parfois jusqu’au monstrueux,
et il y a peu de personnages chaleureux. La palette de couleurs peut paraitre restreinte
mais il y a un vrai jeu entre la lumière et l’obscurité et la matière.
Le plus intéressant est ici, le regard froid et cru de l’auteur,
qui ne masque pas la violence des événements qui font littéralement déferlé sur
le petit village. Une lutte avec des forces qui nous dépasse, beaucoup trop
tranchante pour que cette BD reste une histoire d’enfant.
Ce type de regard et de « style » très
personnel me touche énormément par la sincérité qui s’en dégage et je vous le
conseille si vous souhaitez vous évader du quotidien.
Tout autre chose pour finir ses cous de cœur avec Roi Ours de Mobidic aux
éditions Delcourt, qui sera comme un petit rayon de soleil après la lecture
précédente.
Offerte en sacrifice pour lever une malédiction qui frappe
son village, Xipil, une jeune femme que l’on imagine native américaine, est
sauvé par le roi ours, une divinité animal, qui la prend en pitié. Ces deux
êtres font tenter de se connaitre sans jamais y parvenir malgré leur amour
grandissant et réciproque.
S’inscrivant dans le thème de la confrontation
nature/culture, on insiste impuissant à la destruction des deux êtres par la
vengeance. Il y a également une critique acerbe de vouloir maitriser les
éléments, de faire des compromis, des « pactes » en négligeant les
conséquences sur ce qui nous entourent. On trouve également une volonté que
chacun se retrouve dans cette histoire, que l’on peut illustrer par la présence
des divinités animales venu des cinq continents.
Pour ce qui est du style graphique, même s’il n’a rien de
très original, j’apprécie beaucoup les larges courbes noirs qui délimitent les
silhouettes et les couleurs sont très belles et naturels.
Voilà pour ces coups de cœurs de l’étrange de l’été !
J’espère qu’ils vous donneront envie de lire.
A très bientôt !
Merry