samedi 1 août 2015

Coups de cœurs BD de l’été 2015 !



Bonjours à tous !

Sous ce soleil cette pluie estivale, rien de tel que de lire sous l’ombre d’un parasol avec du thé et une petite pâtisserie à porter de main.

Pour ce qui est du thé et du gâteau, un petit article arriva bientôt (un jour [avant l’automne, promis]), mais pour la lecture, je vais vous donner quelques idées !

C’est parti pour la sélection de BD de l’été 2015 avec pour invités : monstres gargantuesques, divinités animales et … un diable (oui c'est Halloween avant l'heure).



En provenance du Brésil, MONSTRES ! de Gustavo Duarte (édition parquet) nous raconte, avec une bonne dose d’action et d’humour, l’invasion d’une grande ville côtière par trois créatures gigantesques. Pour les arrêter, Pinô, un héros auquel personne ne s’attend, va devoir quitter sa petite vie tranquille pour occuper personnellement de la menace.

Derrière cette BD de 78 pages, se cache un petit bijou, jouant avec les codes du film catastrophe et l’invasion de MONSTRES à la Godzilla et du héros sorti de nulle part. 
 Des codes, par ailleurs, il y en a plein dans cette œuvre.

Tout d’abord, j’avoue avoir été séduite, par le dessin à la ligne très pure ainsi que par l’absence, très curieuse, de bulle de dialogue.


En effet, n’utilisant que trois couleurs, l’auteur (et dessinateur) créait un rythme de lecture très bien construite et contrasté. Ainsi, les courbes et les formes arrondis seront dédiées à la mer et aux êtres vivants alors que le reste du décor sera géométrique et tandis que les lignes noirs structure l’image, le bleu donne du dynamise à la scène.

Il y a également une dualité entre le héros et le rythme lent des vignettes étant centré sur lui et le chaos de l’environnement qui l’autour. Cela donne une lecture proche d’un visionnage de film d’action et directe, sans tomber dans quelque chose de trop sérieux, grâce notamment au caractère de Pinô.

Étant muette de tout texte, tous les échanges et interactions, de cette BD, passent par les expressions des personnages et leurs faits et gestes. L’auteur, venant du monde de la caricature et de la presse, instaure une grande variété de visage et de morphologie donnant une lisibilité des émotions des personnages qui suffisent à la narration.

Riche en détails, j’ai beaucoup apprécié ce petit volume, plein de poésie et peu commun.

Dans la même ligné que Morwenna de Jo Walton, voici mon deuxième coup de cœur de l’été : Mille Tempêtes, écrit et dessiné par Tony Sandoval, également aux éditions paquet, collection Calamar.


 Lisa, une adolescente étrange qui collectionne les ossements et les pierres étranges, voit sa vie basculé, lorsqu’elle arrachera, par avarice, les dents d’un mystérieux crane. Alors que son dangereux propriétaire (celui du crane) part à sa recherche, Lisa va découvrir les peines de l’adolescence entre le regard des autres, les premières peines de cœur et ses rêveries d’enfant.

À la fois, merveilleux et cruel, Mille tempêtes ressemble beaucoup à « ses romans pour ado » que j’ai lu dans ma tendre jeunesse et qui nous transporte dans un univers replis de magie et d'aventures. Mais ici, l’héroïne et le démon font match nul, il n’y a pas de grande victoire ou l’amour serait le maître de tout.


Lisa est belle et terrible en même temps, et entre le trait tremblant et les couleurs flous de l’aquarelle du dessin, l’auteur joue clairement à brouiller les lignes entre l’imaginaire et le réel, entre ce que ressent l’héroïne et les actions se déroulant autour d’elle.

Le style de Sandoval ne plaira peut être pas à tout le monde. Ses visages sont énormes et très expressives, parfois jusqu’au monstrueux, et il y a peu de personnages chaleureux. La palette de couleurs peut paraitre restreinte mais il y a un vrai jeu entre la lumière et l’obscurité et la matière.

Le plus intéressant est ici, le regard froid et cru de l’auteur, qui ne masque pas la violence des événements qui font littéralement déferlé sur le petit village. Une lutte avec des forces qui nous dépasse, beaucoup trop tranchante pour que cette BD reste une histoire d’enfant.
 
Ce type de regard et de « style » très personnel me touche énormément par la sincérité qui s’en dégage et je vous le conseille si vous souhaitez vous évader du quotidien.


Tout autre chose pour finir ses cous de cœur avec Roi Ours de Mobidic aux éditions Delcourt, qui sera comme un petit rayon de soleil après la lecture précédente.




 Après Sauvage, j’ai eu envie de replonger dans l’univers des peuples premiers, et j’ai été attiré par cette histoire d’amour impossible, rythmée par des moments de partage et de séparation.

Offerte en sacrifice pour lever une malédiction qui frappe son village, Xipil, une jeune femme que l’on imagine native américaine, est sauvé par le roi ours, une divinité animal, qui la prend en pitié. Ces deux êtres font tenter de se connaitre sans jamais y parvenir malgré leur amour grandissant et réciproque. 


S’inscrivant dans le thème de la confrontation nature/culture, on insiste impuissant à la destruction des deux êtres par la vengeance. Il y a également une critique acerbe de vouloir maitriser les éléments, de faire des compromis, des « pactes » en négligeant les conséquences sur ce qui nous entourent. On trouve également une volonté que chacun se retrouve dans cette histoire, que l’on peut illustrer par la présence des divinités animales venu des cinq continents.


Pour ce qui est du style graphique, même s’il n’a rien de très original, j’apprécie beaucoup les larges courbes noirs qui délimitent les silhouettes et les couleurs sont très belles et naturels.


Voilà pour ces coups de cœurs de l’étrange de l’été ! J’espère qu’ils vous donneront envie de lire.


A très bientôt !

Merry